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Attractivité: la Banque mondiale remanie son classement face aux critiques

October 31, 2014
Source
la Croix

Singapour en tête, France 31e et Erythrée lanterne rouge: la Banque mondiale a publié mardi à Washington une version remaniée de son classement sur l'environnement des affaires afin de faire taire les critiques sur sa pertinence.

L'édition 2015 de son rapport "Doing Business" passe au crible le cadre réglementaire s'appliquant aux petites et moyennes entreprises dans 189 économies, en évaluant notamment dans quelles conditions elles peuvent lancer leur activité, avoir accès à l'électricité, au crédit ou payer leurs impôts.

En épluchant les réglementations locales et en agrégeant les résultats obtenus auprès de plus de 10.000 professionnels, la Banque mondiale parvient à un classement de l'attractivité des pays qui a fait couler beaucoup d'encre.

Mécontente de son rang, la Chine avait tapé du poing sur la table fin 2012 et exigé la suppression pure et simple d'un classement qui risquait, selon elle, de "ruiner la réputation" de la Banque. D'autres voix avaient simplement pointé d'importantes failles méthodologiques.

"+Doing Business+ a tous les ingrédients pour être à la fois important et controversé, ce qu'il n'a pas manqué d'être", admet le chef économiste de la Banque mondiale, Kaushik Basu, qui reconnaît lui-même avoir critiqué ce rapport quand il conseillait le gouvernement indien.

Face à ces réserves, la Banque a modifié sa méthodologie en affinant l'étude de certains indicateurs et en approfondissant ses évaluations dans les pays de plus de 100 millions d'habitants.

Malgré ces changements, le classement 2015 consacre à peu près le même quinté que dans l'édition précédente: Singapour, leader depuis l'édition 2007, reste en tête, suivis par la Nouvelle-Zélande, Hong Kong, le Danemark et la Corée du Sud.

Seul changement notable, les Etats-Unis sont éjectés de ce "top 5" et pointent désormais à la 7e position.

La France grappille, elle, deux places pour se hisser au 31e rang après avoir, selon la BM, "réduit le temps" nécessaire à l'enregistrement d'une société et "réformé de façon significative" certaines règles de son droit du travail, notamment sur les procédures collectives de licenciement.

- Certains résultats posent question -

Malgré ses récriminations, la Chine continue d'avoir des raisons d'être mécontente: elle reste dans le ventre mou du classement (90e) même si elle grappille trois places et devance d'autres grands pays émergents, Brésil (120e) ou Inde (142e).

"La controverse vient souvent du fait de voir dans ce rapport (...) davantage qu'il ne reflète", indique M. Basu dans son avant-propos, assurant que le "Doing Business" ne saurait être vu comme un signe de performance économique des pays.

Le classement continue toutefois de susciter des interrogations. Malgré la grave crise géopolitique qui les oppose, la Russie et l'Ukraine améliorent leurs positions dans ce classement en pointant respectivement à la 62e (+2 places) et à la 96e position (+16 places).

Le rapport ne "reflète pas les aspects liés à la sécurité, la prévalence des pots-de-vin et de la corruption (...) ou la stabilité macro-économique" des pays, explique la Banque mondiale.

Certains résultats posent par ailleurs question. Haïti, un des pays les plus pauvres du globe, arrive en 94e position en terme d'accès des PME à l'électricité alors que le Canada, pays du G20, pointe au 150e rang.

Sur l'indicateur mesurant la "protection des investisseurs minoritaires", la Suisse occupe le 78e rang alors que la Sierra Leone qui émerge de plusieurs années de guerre civile arrive au 62e rang.

Des organisations de la société civile se sont elles mobilisées sur un autre terrain: selon une récente campagne menée par l'Oakland Institute, le "Doing Business" pousse les pays à "libéraliser" leur économie et à alléger leurs réglementations afin que les entreprises occidentales puissent s'y installer "sans entraves".

Ce n'est pourtant pas la philosophie du rapport, selon le chef économiste de la BM. "Laisser tout à l'économie de marché peut conduire à d'importants dysfonctionnements et mener à des niveaux élevés de pauvreté", écrit M. Basu, appelant les gouvernements à se doter de réglementations "facilitant" les interactions sans freiner le secteur privé.