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Cameroun/Occupation des Terres: un Rapport Accable les Investisseurs Americains

September 8, 2012
Source
Camer

 

«Les activités de Herakles Farms, une entreprise américaine liée au géant du capital-investissement Blackstone et qui s’est déjà illustrée par des pratiques illégales, risquent de détruire la forêt tropicale et de bouleverser le mode de vie des communautés locales au Cameroun ». C’est ce qu’on peut lire d’entrée de jeu dans ce communiqué signé à Oakland, aux Etats Unis.

Publié le mercredi 5 septembre par Oakland Institute et Greenpeace, il dénonce l’accaparement de terres au Cameroun par des investisseurs New yorkais.

Le rapport révèle comment une entreprise agro-industrielle new-yorkaise, Herakles Farms, et sa filiale locale Sg Sustainable Oils Cameroon (Sgsoc) ont conclu des accords fonciers contestables au regard de la législation camerounaise fortement dénoncés par les populations locales depuis 2010. «Cette entreprise vient de se retirer du processus de certification durable de l’industrie de l’huile de palme», informent les auteurs du rapport.

D’après eux, Herakles Farms, envisage d’aménager au sud-ouest du Cameroun une plantation de palmiers à huile sur 73 000 hectares  – l’une des plus grandes du continent africain – grâce à un bail emphytéotique de 99 ans. «De nombreuses communautés locales n’ont pas été véritablement consultées ou n’ont pas donné leur consentement. Ce projet illustre à quel point l’accaparement des terres en Afrique menace le développement durable et les droits humains. Le documentaire The Herakles Debacle  produit par l’Oakland Institute, montre l’ampleur de l’opposition communautaire au projet mais aussi la déforestation massive qui en résulterait si l’exploitation devait voir le jour », accusent Oakland Institute et Greenpeace. « Bruce Wrobel [le Pdg d’Herakles] tente grossièrement de camoufler son projet derrière un masque vert.

En réalité, ce qu’il cherche à dissimuler c’est le refus de l’opinion et les doutes quant à la légalité du contrat conclu avec le gouvernement. Les activités de son entreprise ont démarré au mépris de la législation nationale et des normes internationales. Mais les citoyens ne sont pas dupes. Ils ne se laissent pas impressionner par des promesses d’emploi et de construction d’infrastructures. Au contraire, ils sont en colère et protestent contre la confiscation de leurs terres et de leurs ressources », affirme Frédéric Mousseau, auteur du rapport et directeur politique du Oakland Institute.

On apprend que cette entreprise a négocié des conditions d’exploitation qui lui sont extrêmement favorables. Prix de location très bas et exemption de toutes taxes à l’exportation pour les 99 prochaines années, entre autres. La zone où sera aménagée la plantation se trouve au milieu d’une zone exceptionnelle ou «hotspot» de biodiversité, et entre cinq aires protégées.
 
Reboisement

Pour faire place aux palmiers à huile, il faudra déboiser une surface d’environ sept fois la taille de la ville de Paris…« Si l’entreprise Herakles Farms avait vraiment l’intention de soutenir le développement et la protection de l’environnement,  elle ne serait pas en train d’escroquer les Camerounais avec ce contrat, qui fixe le prix de l’hectare entre 0,50 et 1,00 dollars par an. Elle ne serait pas en train de convertir une forêt tropicale, dont la valeur est inestimable, en plantation industrielle. Cette exploitation sera un désastre pour l’environnement et pour les communautés qui dépendent des forêts pour leur subsistance », déclare Frédéric Amiel, chargé de campagne Forêts auprès de Greenpeace France.

Bruce Wrobel a créé une organisation non gouvernementale (Ong), All for Africa, qui d’après lui devrait permettre de réinvestir les revenus générés par l’huile de palme dans le financement de projets de développement à l’échelle locale. Cette Ong affirme avoir pour objectif le reboisement… «Mais ce qu’elle ne dit pas c’est que la forêt sera rasée pour aménager la future plantation. La perte de biodiversité et la conversion de forêt naturelle en monoculture seront désastreuses. Elle reste également muette sur la forte opposition que suscite le projet de plantation de palmiers à huile, aussi bien au niveau national qu’international», soutiennent les auteurs de l’enquête.

«Le projet de plantation d’Herakles Farms au Cameroun est typique de la vague d’investissements fonciers en Afrique, phénomène déjà dénoncé à maintes reprises par l’Oakland Institute. Une fois de plus, de gros investisseurs tentent de nous faire croire que pour lutter contre la faim et la pauvreté, il faut raser les forêts et les petites exploitations. L’attention de la communauté internationale doit être mobilisée pour soutenir l’opposition des communautés locales et empêcher que leurs ressources soient accaparées », insiste  Frédéric Mousseau. Pour ces experts, le projet d’Herakles Farms ne doit pas être mené à terme.

«Outre des questions d’irrégularités juridiques, il s’agit tout simplement d’un mauvais projet, au mauvais endroit. Greenpeace estime que l’huile de palme issue de la déforestation ou de l’accaparement de terres ne devrait jamais arriver sur le marché. Nous nous faisons l’écho de l’opposition des communautés locales, pour qui la forêt est une source essentielle de subsistance», soutient Frédéric Amiel.