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Huile de Palme : Difficile Moralisation de la Filière

September 5, 2012
Source
Le Monde

Par Gilles van Kote


Dans son bureau de Park Avenue, à Manhattan, Bruce Wrobel se pose en victime. Le projet de culture de palmiers à huile au Cameroun de la filiale locale d'une des entreprises qu'il dirige, Herakles Farms, est attaqué de toutes parts depuis plusieurs mois. Et le rapport publié, mercredi 5 septembre, par Oakland Institute, une organisation non gouvernementale (ONG) spécialisée dans les questions d'accaparement de terres, et Greenpeace est accablant : Herakles Farms y est accusé de dissimuler sous un discours philanthropique des motivations essentiellement financières, d'avoir ignoré des décisions de la justice camerounaise en commençant à exploiter ses pépinières, d'empiéter sur des forêts à haute valeur de conservation et de sous-estimer les impacts sociaux et environnementaux négatifs de son projet.

Bruce Wrobel dément en bloc. "Nous sommes attaqués parce que nous sommes américains, affirme-t-il. Pourquoi les ONG ne s'intéressent-elles pas aux sociétés chinoises, indiennes ou indonésiennes, qui sont bien loin de respecter les mêmes critères sociaux que nous ?"

Le président d'Herakles Farmes est certain d'être dans le vrai et de contribuer au développement de l'Afrique. Il rappelle que son groupe est à l'origine du projet de centrale hydroélectrique de Bujagali, en Ouganda, et est partie prenante dans Seacom, un projet de télécommunication visant à raccorder l'Afrique au reste du monde par la fibre optique.

CRITÈRES DE RESPONSABILITÉ

Il préside également All for Africa, une ONG qui appartient à la nébuleuse Herakles. La grande idée d'All for Africa est de planter un million de palmiers à huile en Afrique de l'Ouest et d'utiliser les bénéfices dégagés par leur exploitation pour financer des projets de développement à long terme.

Malheureusement, en se lançant dans la culture de palmiers à huile, le groupe Herakles a écorné sa crédibilité. "Ce sont des débutants qui ont fait, en six mois, toutes les erreurs possibles", juge Alain Rival, du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad).

Le 24 août, Herakles Farms a démissionné de la Table ronde pour l'huile de palme durable (RSPO), l'organisme de certification mis en place pour tenter de moraliser la filière. "Nous allons continuer à respecter les critères de responsabilité, mais RSPO a démontré son incapacité à faire avancer le processus de certification à partir du moment où existaient des points de vue divergents", justifie Bruce Wrobel.