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Mittal, l'Epine dans le Pied de Bolloré

June 4, 2013
Source
MediaPart

"Nous pouvons aller vers un monde meilleur, j'en suis certain." Vincent Bolloré #GlobalC2013

— antoinekowalski (@antoinekowalski) 4 juin 2013

 

Vincent Bolloré se passerait bien de la publicité qui lui est offerte en ce moment par une "Mittal". A l'heure où le groupe du Français annonce être sur des projets portuaires d'envergure, notamment dans des pays émergents comme le Honduras, il n'a eu d'autre choix que d'attaquer les ONG proches d'Anuradha Mittal - rien à avoir avec le géant de l'acier si ce n'est son nom et son origine - et tous ceux qui mettent à jour comment les sociétés de l'homme d'affaire français et de son associé belge Hubert Fabri pèsent sur la vie des paysans de Sierra Leone.

Les hommes d'affaires y ont obtenu du ministre sierra-léonais de l’Agriculture, des Forêts et de la Sécurité Alimentaire, le Dr Sam Sesay, un bail de cinquante ans pour 6.500 hectares (ha) de terres agricoles afin d'y établir des plantations de palmiers à huile et d’hévéas dans la chefferie de Malen, dans le district de Pujehun, au sud. Et s'apprêtent à prendre le contrôle de 5.000 hectares de plus. Selon le rapport de l'Oakland Institute, que dirige Mme Mittal, ces immenses superficies ont été obtenues grâce à un certain nombre de promesses.

110 millions de dollars, ça ne suffit pas

Le directeur de Socfin SL, Gerben Haringsma, a également assuré que l’entreprise s’engageait à construire un hôpital, un réseau de routes, des écoles et des logements, pour un coût de 19 millions de ollars.12 En outre, Socfin a pris l’engagement de payer 75.000 $ par an pour des projets de développement social et a estimé que 10.000 emplois pourraient être créés avec une préférence devant être accordée aux indigènes de la chefferie.

Au total, le groupe avait annoncé vouloir investir 110 millions de dollars dans des infrastructures pour aider cette région à se développer.

Les paysans locaux se plaignent désormais tout en vrac de l'absence de consultation préalable, de pressions, d'un montant jugé trop faible du loyer annuel, plafonné à 17,5% d'augmentation alors que l'inflation galopante dépasse les 120% par an... Les griefs sont multiples, ont donné lieu à de nombreuses manifestations de colère sur le terrain et la nouveauté ne vient pas de leur expression mais du procès en diffamation intenté par le groupe Bolloré.


Le rapport de l'Oakland Institute sur la Sierra Leone


Les allégations, qui commencent à arriver sur les rédactions européennes, reprennent le rapport initial de Green Scanery. Pour les associations de défense des intérêts locaux, ce procès en diffamation ne sert ni plus ni moins qu'à museler l'opposition aux projets du groupe.

La société a répondu aux allégations de Green Scenery en intentant des poursuites pour diffamation (SLAPP) contre l’ONG et son directeur exécutif, Joseph Rahall. La société demande à un tribunal sierra-léonais d’ordonner à l’ONG de présenter des excuses, de verser des dommages et intérêts et de mettre fin à la diffusion d’informations que la société jugerait diffamatoires. Pourtant, le rapport de Green Scenery est cohérence avec les plaintes officielles déposées par les communautés locales, opposées à l’appropriation de leurs terres et à la destruction de leurs cultures et forêts par SOCFIN. En décembre 2012, 101 membres des familles de propriétaires terriens de 36 villages du district ont appelé la Commission Nationale des Droits de l’Homme, les organisations de la société civile et les Nations Unies à soutenir leur lutte contre la société, ont par exemple indiqué les Luxembourgeois de Action Solidarité Tiers Monde dans un communiqué.

Un "vieux" groupe basé au Luxembourg

Ils ont donc entrepris une vaste campagne de communication en Europe et dans le monde pour mettre la problématique sous les lumières des projecteurs. Notamment en montrant où et comment les sociétés de M. Bolloré agissent. Ce vieux groupe de la fin du XIXe siècle est implanté au Luxembourg depuis la fin des années 1950 -1959 et 1960 - et s'est depuis continuellement adapté à la législation luxembourgeoise et européenne pour continuer à piloter ses activités. Dernier changement notable en date, le 10 janvier 2011, adieu la holding bonjour la SOPARFI pour la "SOCFIN" qui a remplacé progressivement la société financière des caoutchoucs en même temps que les autres sociétés satellites du groupe s'adaptaient elles aussi.

Le détail du groupe Bolloré
Le détail du groupe Bolloré © Oakland Institute